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Cest un livre fort émouvant que vient d'écrire Guy Beaujard, "un témoin non silencieux de son temps". Après des études secondaires à l'école militaire des Enfants de la Troupe, aux Andélys, en Normandie, Guy Beaujard part, volontairement, enseigner à Tifrit n'Ath Oumalek en Haute Kabylie, au moment même où la guerre y fait rage.

Le chemin de la paix.
Par Youcef Zirem.

"Les Couleurs du temps" (Volume 1, "Des Andelys à la Kabylie") raconte les pérégrinations d'un homme qui décide, contre l'avis de son paternel, gendarme, de ne pas devenir soldat et qui tente une aventure qui va s'avérer riche en expériences humaines.

Pierre, le personnage principal de ce roman est, en fait, Guy Beaujard lui-même, avec ses pensées, ses certitudes, ses combats et ses idéaux. "Pierre, serré dans sa gabardine, observe Alger, paquebot en dérive, ballotté dans la grisaille d'un jour d'automne de l'année 1959, écartelé entre ciel et mer par la médiocrité des hommes", écrit Guy Beaujard pour raconter son arrivée en Algérie. Ensuite, il prend le train jusqu'à Tizi Ouzou. Les ennuis commencent pour lui ; les soldats français ont failli le tuer. Puis, les militaires l'accompagnent au village où il doit enseigner. Mais en cours de route, ils tombent sur une embuscade des maquisards algériens. Pierre garde son sang froid et impressionne les soldats. Au village de Tifrit Nait Oumalek, l'école est à construire. Au bout de quelques mois, l'édifice est sur place  

Commence alors l'aventure humaine de Pierre. Le jeune enseignant tente de comprendre la culture d'un peuple différent ; il se rend compte de l'importance de la djemâa, ce forum démocratique. "On vient à la djemâa, sans l'avouer, se dépouiller de ses impuretés, calmer ses aversions. La djemaâ permet de trouver le chemin de la paix, d'exister en se frottant aux autres. La haine et la violence s'y manifestent parfois dans la plus grande déférence et finalement toujours dans le plus respectueux silence. Invisibles, les sept péchés capitaux se côtoient avec élégance. Aller à la djemaâ, c'est aussi partir en migration, faire son pèlerinage sans atteindre la Mecque", souligne Guy Beaujard.

Protégé par les maquisards algériens, aimé par tous les villageois, le jeune enseignant restera dans le village kabyle jusqu'à l'indépendance algérienne en 1962. "Dans ces montagnes de la création du monde, chaque instant avait été une leçon venue du fond des âges. Là, il avait appris. Là, il avait connu le temps de la vie, l'éveil aux autres. C'était suffisant. C'était bien. La vie pouvait s'arrêter là. C'eût été bien.", se souvient Guy Beaujard.