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Qui ne connait pas Mustapha, la quarantaine d’âge, originaire du village de Mehagga dans la commune d’Idjeur. Avant d’être aujourd’hui un homme, Mustapha a vécu une enfance pas du tout heureuse. 


Sa vie a été et continue d’être cette éternelle manchette. Vêtu de ses éternels habits,  un bonnet noir, un teeshirt, une veste, un pantalon jean et des bottes même au plus cha ud de l’été, Mustapha quitte le village de Mehagga dès les premières lueurs de l’aube.

Il n’attend pas de fourgon pour rallier Bouzeguène ; il prend sa route à pied muni d’un sac et d’un bâton (ou d’un étrier de fer à béton) entre les mains. Si un automobiliste s’arrête pour le prendre, il ne refuse pas et peut même demander une pièce à son bienfaiteur transporteur.

Mais c’est à Bouzeguène qu’il commence sa terrible corvée de répéter la même litanie de prières : « Fquiyid Chitoh El mesrouf », « Fquiyid Alef frank, Nagh khems mia » (file moi une pièce…).

Il ne perd pas son temps à prier les gens. Quand il a faim, il ne demande pas de pièce. Il sollicite un casse-croute, un croissant et une bouteille de limonade.

Son sac commence à se remplir peu à peu de produits alimentaires de toutes natures : fruits légumes, viande, pain…Dès qu’il a trop de pièces de monnaies dans ses poches, il les échange en billets auprès des cafetiers et reprend son chemin de pèlerin.

On croit savoir que Mustapha fait entre 30 et 40 kilomètres de marche par jour. Ses pieds se sont aplatis par les longs trajets de marche. Mustapha montre même des signes de vieillesse ; il a perdu une grande partie de ses dents et devrait certainement ressentir d’autres malaises.

Mustapha aurait pu être un enfant heureux.

Né d’un père kabyle et d’une mère d’origine italienne (séparés), il se bat continuellement pour ramener son croûton de pain dans ce monde qui ne pardonne pas.

Bon courage Mustapha !

Bouzeguene, 1 décembre 2008 .